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En premier lieu, je me suis retrouvée dans un espace propice au bien-être, d’une beauté exquise, où tout semblait interagir selon une harmonie indéfectible. Des roches polies par le temps épousaient une terre fraîche, qui nourrissait les racines noueuses d’arbres vénérables. Leurs feuilles et leurs fruits étaient source de vie pour un cycle perpétuel entre terre, eau et air, où s’épanouissaient des organismes mobiles. Au premier coup d’œil, tout semblait réussi, harmonieux et bien construit.
Quand j’ai gratté le vernis, en observant un peu plus près, je n’ai pas tardé à déchanter. J’ai vu des êtres qui, non contents des cadeaux offerts par la richesse de la végétation, se nourrissaient d’autres êtres, totalement insensibles à leur souffrance ! Des petits êtres à huit pattes attrapaient des petits êtres volants à l’aide de pièges collants, afin de les tuer et de les dévorer. Tout aussi impitoyables, des êtres à nombreuses pattes, à six, quatre ou deux pattes, ou même sans pattes, ôtaient des vies en mordant, en piquant, en frappant ou en injectant des substances paralysantes. En d’autres lieux, là où les arbres étaient rares, je me suis aperçue qu’il y avait encore bien pire.
Beau de loin, ce monde était défiguré par de vastes étendues où s’érigeaient des blocs d’une laideur frappante, sans formes et sans couleurs. Y vivaient des êtres verticaux, qui exploitaient sans vergogne les autres espèces, mais aussi leurs propres congénères. Quand bien même ils jouissaient d’une abondance de nourriture et de plaisirs, ils pouvaient encore décimer de très nombreux individus. Parfois, ils en tuaient uniquement parce que leurs pensées différaient des leurs. Quelle absurdité !
Ils avaient beau se prétendre supérieurs, leurs comportements étaient bien plus violents que ceux qu’ils nommaient « animaux », et leur égoïsme inégalable. Avec horreur, je me suis aperçue que ces créatures verticales étaient de véritables diables. La planète semblait généreuse en ressources, mais elle était souillée et saccagée par ces êtres avides et maléfiques. Leurs inventions les plus abouties servaient la destruction et la domination. Eurent-ils raison lorsqu’ils affirmèrent : « Dieu a fait l’Homme à son image » ?
Vraiment, un bon dieu n’aurait jamais conçu autant de cruauté. Un travail aussi bâclé n’aurait pas mérité que je perde mon temps à le contrôler ! Qu’est-ce qu’il t’a pris de créer un tel cauchemar ?
Au compte rendu de sa professeure, le jeune ange brahmanique, âgé d’à peine un milliard de millénaires, était déchu de honte. Il venait de rater l’examen final de ses études de création divine, il ne décrochera pas le diplôme de déité tant convoité. Son rêve de créer des mondes s’écroulait. Afin d’éviter tout au moins d’obtenir un zéro, il tenta d’argumenter.
Pour lire l’ensemble du recueil : Évasions